En tant que partenaire technique de la DGAM, ICONEM a mis en œuvre des méthodes de modélisation innovantes. Il s’agit d’un procédé disruptif permettant d’évaluer l’ampleur des dommages subis par les monuments antiques détruits à Palmyre ainsi que de superviser le travail d’expertise des archéologues de la DGAM. Notre travail se décompose en quatre phases successives :
I - ACQUISITION DE DONNEES DE TERRAIN
L’équipe d’ICONEM a accompagné les archéologues de la DGAM à Palmyre dans le cadre de la toute première mission scientifique réalisée sur les lieux une semaine seulement après le retrait des troupes de Daesh. Cette mission, menée à la fois sur le site archéologique de Palmyre et dans son musée, avait pour but de documenter l’état du site immédiatement après la libération de la ville et avant le démarrage d’éventuels travaux de restauration. Ses résultats sont destinés à la communauté scientifique mondiale. Pour la mener à bien, ICONEM a utilisé un drone qui a pris plusieurs milliers de photographies aériennes, afin de réaliser des relevés de chacun des blocs de pierre qui se trouvent sur le site et de les analyser.
Figure 1. Prise de vue aérienne réalisée par la DGAM et ICONEM à Palmyre en avril 2016, à l’aide d’un drone.
II - LA RECONSTITUTION DU SITE EN 3D.
Les photographies aériennes prises sous différents angles sont traitées par un algorithme afin de générer une modélisation 3D très rigoureuse. De gigantesques nuages de points sont nécessaires afin de reconstituer des modèles à la fois précis et vastes à partir de milliers d’images. Le modèle ainsi obtenu présente avec une grande exactitude les formes et textures du site archéologique réel, de manière photo-réaliste. Nous avons réalisé des reproductions numériques en haute-définition de chacun des monuments détruits, ainsi qu’un relevé global de l’ensemble du site de Palmyre.
Figure 2. Le temple de Bel : analyses préliminaires des blocs grâce au modèle 3D de la structure détruite. Les blocs en rouge sont considérés comme étant en bon état, les blocs rouge-clairs semblent avoir été détériorés, tandis que les blocs blancs sont en mauvais état.
III - COLLECTE PREALABLE DE DONNEES ET TRAITEMENT.
Le modèle 3D de la structure existante n’est pas propre à permettre de réaliser une évaluation claire de l’état de dégradation actuel du site antique. Il est également essentiel de réaliser une reconstitution 3D des monuments dans leur état initial, avant les destructions commises par Daesh. Dans ce but, nous avons travaillé à l’aide d’anciens relevés (réalisés par Robert Amy, un architecte qui a œuvré sur le site au début des années 1930) et de photos prises par des visiteurs avant le début du conflit. En traitant et en combinant l’ensemble des données, nous sommes en mesure de reconstituer le temple de Bel ainsi que l’arche monumentale, pierre par pierre.
Figure 3. Le temple de Bel : reconstitution préliminaire du temple de Bel avant son explosion (en rouge), grâce à d’anciens relevés et d’images obtenues par le biais du crowd-sourcing, superposés à une reconstitution de l’état actuel du temple (en blanc).
IV - SIMULATION THEORIQUE DES DYNAMIQUES DE L'EXPLOSION.
En utilisant ces modèles, ICONEM a réalisé une simulation théorique de la chute des blocs de l’arche monumentale, au cours de son explosion. En estimant la densité et le coefficient de friction des blocs, l’ordinateur a traité la trajectoire de chacun des blocs lors de la déflagration. La simulation aidera les archéologues et architectes à retrouver l’emplacement original des blocs tombés.
Figure 4. Arche : schema illustrant la simulation théorique des dynamiques de l’explosion affectant les blocs. Cette simulation aidera les scientifiques à comprendre le processus de l’explosion et ainsi la disposition des blocs tombés.
La DGAM a consacré un article très complet au travail d’ICONEM à Palmyre.