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LES FAITS

Le site archéologique phénicien d’Amrit, situé sur la côte syrienne, à huit kilomètres au sud de la ville de Tartous, a été découvert à la fin du XIXe siècle par l’archéologue français Ernest Renan.

Si les circonstances de sa fondation demeurent aujourd’hui encore incertaines, on suppose que ce centre religieux aurait été bâti par les habitants de l’ancienne ville phénicienne d’Arwad et n’aurait pas eu vocation à tenir lieu de zone d’habitation. L’ampleur du site – vaste de trois kilomètres sur deux – témoigne toutefois de son importance.

Bien qu’il ait été occupé dès le IIIe millénaire av. JC, la majorité des monuments qui le composent ont été érigés au cours de la domination perse, du VIe au IVe siècle av. JC.

Le temple (Al-Maabad), autrefois dédié au dieu phénicien Melkart – associé au dieu égyptien Echmoun ainsi qu’au dieu grec Hercules – constitue le cœur du site. Il est entouré d’un profond bassin creusé à même la roche, ayant autrefois formé un lac artificiel. Il était approvisionné par les sources environnantes, dont les eaux auraient été réputées pour leurs vertus curatives. Le sanctuaire, érigé au centre du bassin, possède des piliers égyptisants tandis que les merlons (parties pleines d’un parapet, entre deux créneaux) du naos (partie inférieure et centrale du temple) présentent une influence mésopotamienne. Le temple constitue ainsi un précieux témoin du caractère syncrétique de l’architecture phénicienne : celle d’un peuple de marchands et de marins, dont les navires ont sillonné la Méditerranée, de la Crête à l’Egypte, en passant par la Numidie.

Deux méghazels – des tours funéraires monumentales – qui auraient fait partie d’une plus vaste nécropole ainsi qu’un stade de l’époque hellénistique sont également observables sur le site.

LA METHODOLOGIE

En décembre 2015, l’équipe d’ICONEM, en partenariat avec le directeur du musée de Lattaquié et Houmam Saad (DGAM), y a réalisé une acquisition 3D. L’objectif de la mission était double : préserver la mémoire du site, et rendre accessibles des parties de l’édifice d’ordinaire difficilement observables.

De nombreux blocs sont en effet in situ mais se trouvent plongés dans les eaux du bassin et ne sont donc pas accessibles. Il s’est ainsi avéré nécessaire d’effectuer un relevé photogrammétrique détaillé de ces blocs de même que du sanctuaire qui s’élève au centre du bassin. Un plan précis des blocs immergés a pu être réalisé : l’emplacement de chacun d’entre eux est désormais connu. Avec le modèle 3D obtenu, il est désormais possible « d’atteindre » virtuellement n’importe quel point du site, les blocs situés sous l’eau et le sanctuaire pourront donc être aisément étudiés par les archéologues et spécialistes.