Le Krak des Chevaliers est l’un des joyaux du patrimoine syrien. Bâti à l’époque des croisades, au XIème siècle, il domine la route reliant Damas à Homs du haut d’un éperon rocheux. Malheureusement, entre 2012 et 2014, la citadelle fortifiée a été le théâtre d’affrontements qui l’ont gravement endommagée.

Avant toute intervention, une analyse claire des dégradations était nécessaire. Ensemble, la DGAM et Iconem ont donc entamé une série de relevés terrestres mais aussi aériens, à l’aide d’un drone, qui a survolé l’édifice le 10 avril 2016.

Grâce à ces prises de vue, un modèle 3D post-dégradations de haute précision a pu être construit. Il vient compléter une série de travaux amorcée dès 2014, lorsqu’Iconem et la DGAM ont reconstruit ensemble un modèle de l’édifice pré-crise. Il a en effet été possible de réaliser rétrospectivement ce modèle, grâce à un procédé inédit.

Le Krak des Chevaliers a longtemps été la citadelle la plus visitée du Proche-Orient. Il existe donc de nombreuses photos du site, prises pour la plupart avant l’éclatement de la crise. En mettant au point un robot (il s’agit d’un petit programme informatique capable d’identifier sur internet les images associées au monument et de les stocker automatiquement), nous avons pu réunir plusieurs milliers de clichés libres de droits de la citadelle telle qu’elle était auparavant. En les passant toutes dans un algorithme de reconstruction 3D, nous avons pu en extraire un nuage de points dans l’espace, reconstruisant la forme et la couleur de la citadelle. A partir de ces données spatiales, il a été possible de générer un modèle 3D représentant près d’un tiers environ du bâtiment.

Ce modèle de la citadelle avant-crise est incomplet et encore peu précis, car construit uniquement à partir d’images disparates. Il permet cependant d’évaluer les dommages en y superposant les images post-crise. Il devient alors possible de générer des diagrammes très précis faisant état des dégradations, pierre par pierre, impact de balle par impact de balle.